Dire ses émotions en éducation musicale
On peut penser que verbaliser une émotion relève d’un registre subjectif et courant, que parce qu’on ne mobilise pas de vocabulaire spécifique, les élèves « ont les mots » pour dire ce qu’ils ressentent. Quand ils sont sollicités pour exprimer leurs impressions après un extrait, on s’attend à ce qu’ils sachent le faire. Or, tout pose difficulté dans cette tâche :
- Identifier sa propre émotion
- Trouver les mots justes
- Construire son propos
- Le formuler devant ses camarades
Tout, ici, doit faire l’objet d’un apprentissage spécifique.
– Laisser du temps à l’élève pour construire son propos, se concentrer sur ce que l’extrait a produit en lui, chercher les mots et formuler : passer par un temps court à l’écrit qui permet à chacun de réfléchir et chercher ses mots avant une mise en commun à l’oral (si tout le monde n’écrit pas, ce n’est pas grave, s’il n’y a qu’un mot, ce n’est pas grave, ce qui importe, c’est que tout le monde réfléchisse à ses sensations et à la formulation).
– Faciliter la prise de parole avec des documents qui sont projetés ou des sous-mains distribués.
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Proposer des mots outils : pendant l’activité d’écoute, à l’oral ou à l’écrit, on propose du vocabulaire spécifique aux élèves, dans des canevas syntaxiques qui ne correspondent pas toujours au contexte de l’écoute proposée. Ils ont donc à disposition le vocabulaire, un contexte d’usage mais qu’ils doivent adapter, donc s’approprier.
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Proposer des caractères musicaux imagés : au croisement des émotions et des balbutiements de l’analyse, les caractères sont un outil de verbalisation, un moyen de se déplacer du vocabulaire courant vers le vocabulaire spécifique. Ritualiser l’accès à un support, permet aux élèves de s’approprier la forme du document puis, progressivement, le fond.
- Mener une activité d’écoute poétique pour s’exercer à prendre conscience des représentations mentales (6ème) : l’enseignant diffuse un extrait choisit pour sa puissance évocatrice, par exemple Le carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns, et les élèves réalisent les 3 étapes du document. Ils prennent conscience de leurs représentations mentales, et apprennent à justifier leurs impressions à partir des éléments musicaux perçus.
Une variante de cette activité, en 5ème, avec le même mode opératoire, peut permettre d’utiliser les représentations mentales des élèves pour construire des repères historiques : les activités d’écoute historique.
– Activité d’invention narrative libre sur un extrait d’œuvre (4e / 3e) :
- Consigne : « Répondez au crayon, dans votre cahier, à la question suivante :
« Si l’extrait que vous allez entendre accompagnait une scène d’un film, que verriez-vous à l’écran ? »
– Varier les consignes pour varier les incitations à dire :
- Consigne : « Échangez avec votre voisin à propos de vos émotions pendant l’extrait. Ensuite, à l’oral vous devrez expliquer l’émotion ressentie par votre camarade. »
- Consigne : « Dites à votre voisin le mot qui témoigne le mieux de votre émotion pendant l’écoute. Ensuite, votre camarade cherchera une justification précise de votre choix »
– Proposer des canevas ou des modèles de phrases. Ils peuvent être affichés pour que les élèves s’en saisissent quand ils en ont besoin :
- « En écoutant cet extrait, je me suis senti …………………. ».
- « J’ai choisi le mot …………………. pour cet extrait parce que ………… ».
- « Untel a dit ………………….. parce qu’il a entendu …………………. ».