informatique et pédagogie

15 / 06 / 2007

   

 

Pédagogie et  informatique musicale 
 

Echange sur les pratiques mises en œuvre dans les classes

  •  Informatique dans la classe

Peu de
classes sont équipées en matériel informatique.
Lorsque le matériel existe, il n’est pas utilisé
à chaque cours. Manipulé par l’élève, il
semble difficile de l’utiliser en classe entière.
Le plus souvent l’ordinateur est utilisé à la
manière d’un « instrument de musique » par
le professeur :

  • -  Pour accompagner, le chant, le jeu instrumental,  la pratique rythmique. Fabriqué ou utilisé tel quel, l’accompagnement a sa place dans la phase d’apprentissage comme dans les temps d’interprétation globale.
    - Lors du travail d’écoute : sonagramme, association de l’œil à l’oreille et réciproquement, suivi du déroulement de l’interprétation, l’ordinateur permet grace à la souplesse des retours en arrière, une écoute détaillée.
    - Comme séquenceur : enregistrement, construction sonore réalisée en classe. Associé à l’apprentissage vocal ou instrumental. Il permet de développer l’esprit critique des élèves, pour aboutir à une interprétation mieux sentie.  L’enregistrement n’est pas conservé à priori.
    - Pour exploiter des CD Rom comme par exemple « les instruments de musique » : contrepoint d’écoute, jeux d’écoutes, timbres instrumentaux…
    - Au service de l’étude des formes : la dimension visuelle apportée par l’ordinateur facilite la perception de l’échelle temps.
    - Pour enregistrer les élèves et les évaluer.

Dans ces
situations d’enseignement, le temps consacré aux
différentes activités est inchangé, l’outil peut
être utilisé dans tous les niveaux de classe. La
créativité, à priori, n’est pas
envisagée, à l’exception de quelques formes de
paraphrases.

  •  Informatique dans la salle spécialisée.

Le plus
souvent la salle spécialisée n’est pas utilisée
par le professeur d’éducation musicale, aujourd’hui, la
situation évolue. La salle
« d’informatique » peut-être investie une
fois par semaine par une classe donnée, sur une période
précise avec pour objectif de réaliser un projet
finalisé.
En
général les élèves sont deux par postes.
Parmi les activités musicales réalisées,
les plus fréquentes sont : la découverte et
l’utilisation d’un tracker (boucles audio, patterns sonores..) ;
la construction d’une forme aboutissant à une
« pièce musicale » formant un tout,
personnelle et respectant une structure précise. La
réalisation d un projet musical sur une période de 6
semaines. Dans cette configuration, il est raisonnable d’envisager
une production musicale d’une minute environ.

Deux
exemples :
1) La réalisation d’un canon. Tous
les éléments étant disponibles (
installés, « rentrés » avant le
cours), les élèves écoutent les
éléments sonores, s’emparent du découpage
musical proposé, expérimentent et reconstruisent la
pièce musicale.
2) L’approche du discours
harmonique : accords, renversements, grille, arrangement. Les
élèves écoutent, manipulent, associent
organisent les éléments sonores

 Dans
ces situations d’enseignement, le professeur a des rôles
multiples : accompagnateur, animateur, formateur, professeur.
Son action n’est plus frontale. Elle implique disponibilité et
réactivité. Le « produit
esthétique » obtenu est différent de celui
réalisé dans le cadre du cours traditionnel. On peut
estimer qu’il faut au minimum entre 2 et 4 heures pour atteindre
l’objectif fixé. Il n’est pas évident de proposer des
prolongements. Le plus souvent, le domaine de l’écoute
 est investi pour proposer des compléments culturels et
des comparaisons sonores.
La plupart du temps, le midi est utilisé pour la musique
classique et la variété.
L’audio permet d’explorer davantage le son. Il est
préféré au midi, même s’il présente
plus de risques techniques lors de la mise en œuvre et des
manipulations.

  •  Témoignages

 Fabrice
Ruhlmann

 1.
Utilisation du logiciel « MEDIATOR 7 PRO » (création
de cédéroms interactifs)
Depuis
cette année, j’ai créé plusieurs
séquences de cours avec visualisation sur écrans
d’ordinateur et de téléviseur. Dans mes logiciels, on
peut trouver des extraits musicaux et vidéos, divers textes,
des plans, des photos, des images animées (gifs). On peut
également lancer d’autres applications (logiciels ou DVD) en
appuyant, par exemple, sur le nom d’un instrument.
Dernièrement,
j’ai créé une séquence de cours sur la musique
et le ballet pour le collège Henri CAHN (Bry-sur-Marne). J’y
ai ajouté un petit jeu d’écoute musical sur les
accents. Les élèves doivent écouter un court
extrait musical du « Sacre du printemps » de Stravinsky.
J’ai programmé le logiciel de la façon suivante :
lorsqu’un élève appuie avec la souris sur un rythme,
divers messages s’affichent suivant une bonne ou une mauvaise
réponse « Bravo, tu as de bonnes oreilles » ou
« Non, écoute mieux ». Au début, quand les
élèves ont écouté l’extrait, ils
trouvaient cela rebutant, mais après la participation d’un
élève, l’aspect interactif et visuel du jeu
d’écoute a captivé l’attention des
élèves. Pratiquement tous les élèves de
mes différentes classes de 3e ont levé la main alors
qu’au début ils n’étaient seulement que deux ou
trois.
Ce
logiciel permet un gain de temps important. Les élèves
semblent plus intéressés et portent un regard
différent sur la séquence de cours grâce à
l’utilisation de l’informatique.

 2.
Utilisation du logiciel « CUBASIS »
Présentation
visuelle de certains graphiques, plans d’un morceau, écoutes
diverses.

 3.
Utilisation de divers logiciels musicaux
Cédéroms
 : Instruments de musique, Musique 3D, la Musique baroque et
romantique …

 4.
Création d’un cédérom de présentation du
Collège Henri CAHN en collaboration avec un professeur de
technologie (année 2000-2001
)

 Travail
par 1�2 classe en collaboration avec un professeur de
technologie

Un ordinateur
pour deux élèves
J’ai travaillé avec mon collègue sur un logiciel de
création de cédéroms « Presenter 3 ».
Les élèves devaient écrire des textes et y
ajouter de la musique, des photos. J’ai utilisé avec les
élèves trois logiciels Band in a box, Sound Forge et
Ejay. Les élèves étaient très
intéressés par la manipulation des sons mais ils ont
rencontré beaucoup de difficultés dans
l’écriture des différents textes.
Le projet n’a hélas pas abouti faute de temps.

 5.
Enregistrement des élèves avec un mini disque dans le
but de perfectionner un chant
Grâce à l’enregistrement par mini disque, les
élèves ont une perception complètement
différente du travail effectué. Quand je leur demande
d’évaluer leur production, tous écoutent avec silence
le travail enregistré. Après un nouvel enregistrement,
ils font beaucoup plus attention à leur façon de
chanter et écoutent mieux leurs camarades.
J’ai également fait un travail sur la découverte des
sons : les élèves enregistraient différents
sons, les réécoutaient et les analysaient.
En 1999, j’ai fait un CD avec mes différentes classes. Les
élèves étaient ravis mais vu l’investissement
demandé, je n’ai pas encore pu refaire ce projet.

 Stéphane
Dietrich

Avec des
élèves de lycée : démarche de
création et de production, sur une période de six
semaines. Choix d’un son et utilisation de « Sound
Forge ». le travail sonore est mené
simultanément au travail d’analyse de la forme sonate. Le
projet consiste en la production d’un montage manipulé par les
élèves, et l’élaboration d’une écriture
graphique avec « Final ».

 Christian
Bach

Avec une
classe de sixième : utilisation de 12 postes en salle
informatique. Le projet porte sur un travail mené avec un
collègue de lettres, autour du conte. Tous les postes sont en
réseau.
Ce dispositif conduit à se poser des questions sur : la
gestion des élèves et l’éclatement de la
classe ; la mise en place de consignes données pour
faciliter le travail en autonomie ; la manière de
vérifier ce que fait réellement l’élève.

  •  Réflexions des membres du groupe

La
nouveauté réside dans le positionnement de
l’élève. Il reste un interprète et peut
être aussi compositeur amateur. Si on utilise l’harmonie
traditionnelle, on peut disposer d’une banque de données, d’un
réservoir d’accords, préparé à
l’avance.
L’élève va écouter, manipuler, choisir,
composer.
Pour le professeur, il est difficile de gérer la
génération du « clic ». Le
« Bidouillage » est nécessaire,
accompagné d’explications « à
volonté ». Une programmation de la démarche ,
projet sur papier, permet de préciser ce que l’on veut faire
faire aux élèves, de définir les
orientations sonores, de structurer le discours, de prévoir la
séance bilan. L’évaluation prenant appui sur
l’investissement réel des élèves comporte des
critères expliqués et partagés. Il faut du temps
pour établir un projet personnel.
Avec un conducteur d’orchestre, les élèves passent de
l’autre côté de la musique. Nous pouvons leur faire
comprendre ce qui induit leur pratique physique. Nous pouvons
rendre l’élève plus autonome dans son jugement.
L’élève
peut faire de la musique sans connaître la technique. On passe
par le ressenti et le visuel. Le
« solfège » est abordé autrement,
il n’est pas forcément nécessaire. L’utilisation de
l’outil informatique nous rapproche de la démarche des arts
visuels et des aspects de la création. On est plus prêt
de la page blanche.
Le support gravé place l’élève dans la
« chaîne » des grands maîtres. Le
fait de graver les musiques réalisées incite fortement
les élèves à fournir un travail abouti et
exploitable. Leur production est reconnue, elle peut être
diffusée. Le support gravé est aussi le signe d’une
maturité artistique qu’ils assument. Souvenir pour certains,
témoignage pour d’autres, le disque gravé constitue une
mémoire, et à ce titre il peut être
« passé » à d’autres classes.

  • Questions partagées

En pratiquant
 ces modalités d’enseignement, quel est le statut des
activités traditionnelles du cours d’éducation
musicale ?
L’utilisation de l’informatique musicale entraîne de nouvelles
pratiques musicales. Quelles sont les compétences
spécifiques développées ?
Comment préserver l’émotion ?

Pour les
professeurs néophytes deux questions essentielles se
posent encore aujourd’hui : par quel bout entrer dans ces
pratiques ? et quelle avance faut il avoir dans la
maîtrise des outils, par rapport aux
élèves ?

 

CAHIER
DES CHARGES

  •  Salle de classe et dispositifs
    -  Lieux
    - Matériel
    - Organisation de l’espace

     Classe/élèves
    - Niveaux
    d’enseignement
    - Objectifs
    poursuivis

     Projet
    - Définition du
    projet
    - Inscription dans le
    programme
    - Compétences
    musicales et techniques visées
    - Temps
    consacré au projet
    - Nature de la
    production musicale

     Démarche
    pédagogique
    - Structure du groupe
    class
    - Répartition
    horaire
    - Apprentissages mis en
    œuvre
    - Nature du travail de
    l’élève
    - Supports de
    travail : sonores, écrits, visuels
    - Rôle du
    professeur

     Evaluation
    - Restitution
    - Critères
    d’évaluation
    - Notation